Les points clés – Définition des lipodystrophies
Les lipodystrophies constituent un groupe de maladies rares caractérisées par une absence généralisée ou partielle du tissu adipeux (fréquemment au niveau des membres) plus ou moins associée à une hypertrophie de ce tissu dans d’autres sites (le plus souvent le visage et le cou). Les patients lipodystrophiques, quelles que soient leurs caractéristiques, ont tendance à développer des troubles du métabolisme liés à une résistance à l’insuline entrainant de nombreuses complications comme le diabète, l’apparition de troubles hépatiques (hépatomégalie et risque de stéatose hépatique), cardiaques, cutanés (Acanthosis nigricans) ou encore gynécologiques (syndrome des ovaires polykystiques).1,2,3
Pour en savoir plus sur ce qu’on appelle les lipodystrophies, retrouvez les explications du Pr Vigouroux sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Les causes des lipodystrophies sont multiples. L’origine génétique d’une partie d’entre elles a été démontrée avec la présence de formes familiales. D’autres types de lipodystrophies sont acquises d’origine iatrogène (conséquences d’un traitement antirétroviral, de la prise de corticoïdes ou de la réaction d’un patient à un greffon) ou auto-immunes (comme le Syndrome Lawrence).4,5
La prévalence des lipodystrophies est estimée à 3,07 cas par million d’habitants dans le monde. La forme la plus fréquente des lipodystrophies, le syndrome de Dunnigan, touche environ 1 personne /100 000 en Europe avec une fréquence plus élevée chez les habitants de l’île de la Réunion en raison d’une mutation spécifique retrouvée à cet endroit.4,6-9
Le diagnostic de lipodystrophie est basé sur un examen physique mettant en évidence une répartition dysharmonieuse du tissu adipeux sous-cutané pouvant être associée à une atrophie musculaire, ainsi qu’une recherche d’antécédents familiaux et des troubles fréquemment associés aux lipodystrophies (hirsutisme, diabète, diminution de la fréquence des cycles menstruels, …). Une quantification de la masse grasse totale ainsi que la recherche d’une éventuelle anomalie génique connue sont aussi des éléments étayant ce diagnostic.6
Pour en savoir plus sur le dépistage des lipodystrophies, retrouvez les explications des Pr Delemer et Prévost sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
La prise en charge repose dans un premier temps sur l’adoption d’une hygiène de vie saine passant par une alimentation équilibrée limitant l’apport en graisse et en glucide. L’activité physique adaptée selon les zones graisseuses hypertrophiques est également recommandée, notamment en cas de surpoids. En parallèle, l’obtention d’un bon équilibre du diabète est également nécessaire. Au-delà de ces mesures, un traitement visant à rétablir le taux de leptine habituellement effondré chez ces patients peut également être mis en place. Certains cas peuvent par ailleurs nécessiter la réalisation de chirurgie plastique afin de rééquilibrer la répartition des tissus graisseux de l’organisme.1,4
Références
- Mainieri F, et al. Treatment Options for Lipodystrophy in Children. Front Endocrinol (Lausanne). 2022;13:879979.
- Manuel MSD – Acanthosis nigricans : https ://www.msdmanuals.com/fr/professional/multimedia/image/acanthosis-nigricans
- Fardet L, et al. Syndromes lipodystrophiques [Lipodystrophies]. Rev Med Interne. 2013;34(10):614-22.
- Le Mapihan K, et al. Les syndromes lipodystrophiques. Médecine Clinique Endocrinologie & Diabète.2015;74:54-60.
- Hussain I et Garg A. Lipodystrophy Syndromes. Endocrinol Metab Clin North Am. 2016;45(4):783-797.
- Araújo-Vilar D et Santini F. Diagnosis and treatment of lipodystrophy: a step-by-step approach. J Endocrinol Invest. 2019;42(1):61-73.
- PNDS, HAS – Syndrome lipodystrophique de Dunnigan : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-02/syndrome_lipodystrophique_de_dunnigan_-_pnds.pdf
- Le Dour C, et al. A homozygous mutation of prelamin-A preventing its farnesylation and maturation leads to a severe lipodystrophic phenotype: new insights into the pathogenicity of nonfarnesylated prelamin-A. J Clin Endocrinol Metab. 2011;96(5):E856-62.
- Société francophone du diabète – Congrès annuel 2018 : http://abstract.sfdiabete.org/congress/medias//2018/backoffice/41875/abstract/abstract.pdf
Les symptômes des lipodystrophies
Les symptômes des lipodystrophies sont variables selon les individus atteints de cette maladie. Les patients atteints peuvent ainsi présenter :1-4
- Perte généralisée de tissu adipeux
- Perte partielle de tissu adipeux
- Dyslipidémie avec augmentation des triglycérides
- Surcharge graisseuse localisée
- Acanthosis nigricans
- Syndrome des ovaires polykystiques
- Hirsutisme
- Aménorrhée
- Hypertension artérielle
- Pancréatite
- Problèmes rénaux
- Atteinte cardiovasculaire
- Baisse du taux de leptine
- Baisse du taux d’adiponectine
- Insulino-résistance
- Microangiopathie diabétique
- Hypertriglycéridémie
- Stéatose hépatique
- Cirrhose
- Hypertension portale
- Insuffisance hépatique
- Amylose pancréatique
- Athérosclérose prématurée
Pour en savoir plus sur ce qu’on appelle les lipodystrophies, retrouvez les explications du Pr Vigouroux sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Références
- PNDS, HAS – Syndrome lipodystrophique de Dunnigan : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-02/syndrome_lipodystrophique_de_dunnigan_-_pnds.pdf
- Araújo-Vilar D et Santini F. Diagnosis and treatment of lipodystrophy: a step-by-step approach. J Endocrinol Invest. 2019;42(1):61-73.
- Hussain I et Garg A. Lipodystrophy Syndromes. Endocrinol Metab Clin North Am. 2016;45(4):783-797.
- Le Mapihan K, et al. Les syndromes lipodystrophiques. Médecine Clinique Endocrinologie & Diabète. 2015;74:54-60.
Dépistage et diagnostic des lipodystrophies
Le diagnostic des lipodystrophies repose sur : 1,2
- L’examen physique du patient avec recherche d’anomalies de la répartition des graisses (par exemple, le syndrome de Dunnigan est caractérisé par une disparition du tissu adipeux des membres et du tronc à partir de la puberté avec accumulation de graisse au niveau du visage et du cou) ;
- Un bilan biologique avec la recherche d’un éventuel diabète, la réalisation d’un bilan lipidique et le dosage montrant des taux de leptine et d’adiponectinela plupart du temps abaissés ;
- La quantification de la masse graisseuse par impédancemétrie ou absorptiométrie biphotonique aux rayons X ou via la réalisation d’une IRM métabolique ;
- La recherche d’antécédents familiaux, un phénotype familial lipodystrophique pouvant être présent ;
- La recherche d’anomalies génétiques en cas de découverte d’une forme familiale.
Pour en savoir plus sur le diagnostic des lipodystrophies, retrouvez les explications du Pr Vantyghem et du Dr Bismuth sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Références
- Le Mapihan K, et al. Les syndromes lipodystrophiques. Médecine Clinique Endocrinologie & Diabète. 2015;74:54-60.
- Foss-Freitas MC, et al. Diagnostic strategies and clinical management of lipodystrophy. Expert Rev Endocrinol Metab. 2020;15(2):95-114.
Les diagnostics différentiels des lipodystrophies
Les diagnostics différentiels pour les lipodystrophies comprennent plusieurs pathologies où la répartition des graisses corporelles est susceptible d’être modifiée :1
- La lipomatose de Launois-Bensaude se caractérisant par une accumulation importante et symétrique d’amas d’adipocytes au niveau du haut du corps ;2
- Le syndrome de Cushing résultant généralement de la prise de corticoïdes ou de la présence d’une tumeur dans l’hypophyse ou les surrénales. Ces corticoïdes modifient le volume et la répartition de la graisse corporelle. Ce syndrome est à opposer aux formes génétiques de lipodystrophies ;3
- Une acromégalie, dont les manifestations cliniques les plus précoces sont un épaississement des traits du visage et une hypertrophie des mains et des pieds ;4
- Certains types d’obésité androïde.1
Références
- Le Mapihan K, et al. Les syndromes lipodystrophiques. Médecine Clinique Endocrinologie & Diabète. 2015;74:54-60.
- Orphanet – Adénolipomatose symétrique à prédominance cervicale : https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/Disease_Search.php?lng=FR&data_id=878&Disease_Disease_Search_diseaseType=ORPHA&Disease_Disease_Search_diseaseGroup=2398&Disease(s)/group%20of%20diseases=Launois-Bensaude-adenolipomatosis&title=Launois-Bensaude-adenolipomatosis&search=Disease_Search_Simple
- Manuel MSD- Syndrome de Cushing : https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-hormonaux-et-m%C3%A9taboliques/troubles-des-glandes-surr%C3%A9nales/syndrome-de-cushing
- Manuel MSD – Gigantisme et acromégalie : https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-endocriniens-et-m%C3%A9taboliques/pathologies-hypophysaires/gigantisme-et-acrom%C3%A9galie
La prise en charge des lipodystrophies
La prise en charge des patients atteints de lipodystrophie commence par un suivi diététique avec la mise en place d’un régime adapté pauvre en graisses et en glucides. Cependant, l’adhérence à ce régime alimentaire est difficile compte tenu de la carence en leptine provoquant une hyperphagie. La prescription d’une activité physique régulière doit être adaptée à l’emplacement des dépôts graisseux hypertrophiques.1,2
La mise en place d’un traitement permettant de pallier le déficit en leptine chez les patients peut également être mis en place en plus du suivi des règles hygiéno-diététiques. Son utilisation thérapeutique dans les syndromes lipodystrophiques permet une régulation de la prise alimentaire et une meilleure satiété associée à une amélioration de l’insulinorésistance et des paramètres glucido-lipidiques. Les lipodystrophies étant résistantes à la chirurgie bariatrique, le recours à la chirurgie plastique est mis en place dans certains cas par lipoaspiration ou lipectomie, ou via une autogreffe de tissu adipeux.1,2,3
Un suivi pluridisciplinaire est nécessaire pour les patients ayant une lipodystrophie. Au-delà de la prise en charge diététique et via un endocrino-diabétologue, un suivi neurologique (recherche d’une éventuelle neuropathie diabétique), cardiologique (complications liées au syndrome d’insulino-résistance) et hépatologique (risque d’hépatomégalie stéatosique) doivent être réalisés sur le long terme. Chez les femmes, une évaluation gynécologique régulière liée à la présence de symptômes associés comme un syndrome des ovaires polykystiques, une spanioménorrhée et des troubles de la fertilité est également nécessaire.3,4
Pour en savoir plus sur la prise en charge des lipodystrophies, retrouvez les explications des Dr Mosbah et Vatier sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Références
- Mainieri F, et al. Treatment Options for Lipodystrophy in Children. Front Endocrinol (Lausanne). 2022;13:879979.
- Foss-Freitas MC, et al. Diagnostic strategies and clinical management of lipodystrophy. Expert Rev Endocrinol Metab. 2020;15(2):95-114.
- Le Mapihan K, et al. Les syndromes lipodystrophiques. Médecine Clinique Endocrinologie & Diabète.2015;74:54-60.
- PNDS, HAS – Syndrome lipodystrophique de Dunnigan : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-02/syndrome_lipodystrophique_de_dunnigan_-_pnds.pdf
La parole aux patients atteints de lipodystrophie
Afin d’améliorer la prise en charge et le suivi des patients atteints de lipodystrophie, il est important de sensibiliser le grand public à cette maladie rare et les professionnels de santé au diagnostic et à la prise en charge précoce.1
Améliorer l’information des patients et des professionnels de santé pour faciliter le diagnostic et optimiser la prise en charge des patients, sont les objectifs des Filières de Santé Maladies Rares, des Centres de Référence Maladies Rares, et des réseaux européens qui apportent leur savoir-faire et leur expertise. Pour les lipodystrophies, la filière Firendo – Filière maladies rares endocriniennes, est en 1ère ligne.2
Au-delà de l’accompagnement des malades dans le parcours de soins, les associations de patients comme l’Association Française des LIPodystrophies (AFLIP)3 ou Vaincre Dunnigan,4 ont pour objectifs de :
- Apporter une écoute et un soutien moral aux malades et à leurs proches ;
- Accompagner les malades et leurs proches dans le parcours de soins ;
- Informer et communiquer auprès des professionnels de santé, du grand public, des patients et de leurs proches sur la maladie ;
- Soutenir et promouvoir la recherche.
Pour en savoir plus, retrouvez les témoignages de Mme Hoarau et Mme C. sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Références
- PNDS, HAS – Syndrome lipodystrophique de Dunnigan : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-02/syndrome_lipodystrophique_de_dunnigan_-_pnds.pdf
- Filière Firendo – Filière maladies rares endocriniennes : http://www.firendo.fr/accueil-filiere-firendo/
- Association Française des LIPodystrophies (AFLIP) : https://www.facebook.com/AFLIP02
- Association Vaincre Dunnigan : https://www.vaincre-dunnigan.org/
Les spécialistes des lipodystrophies
Pour plus d’informations sur les lipodystrophies, vous pouvez consulter les articles, vidéos et sites web ci-dessous :
- Filière Firendo – Filière maladies rares endocriniennes : http://www.firendo.fr/accueil-filiere-firendo/
- PNDS, HAS – Syndrome lipodystrophique de Dunnigan : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-02/syndrome_lipodystrophique_de_dunnigan_-_pnds.pdf
- Manuel MSD – Lipodystrophie (lipoatrophie) dans le VIH : https://www.msdmanuals.com/fr/professional/multimedia/image/lipodystrophie-lipoatrophie-dans-le-vih-2
- Fiche Orphanet – Lipodystrophie généralisée acquise : https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=79086
- Fiche Orphanet – Lipodystrophie généralisée congénitale : https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Expert=528&lng=FR
- Fiche Orphanet – Lipodystrophie partielle familiale : https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?lng=FR&Expert=98306
- Fiche Orphanet – Lipodystrophie primitive : https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?lng=FR&Expert=90970
- Fiche Orphanet – Lipodystrophie partielle familiale type Köbberling : https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?lng=FR&Expert=79084
- Fiche Orphanet – Lipodystrophie partielle familiale de Dunnigan : https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=2348
- Société Française d’Endocrinologie : https://www.sfendocrino.org/
- Société Française de Dermatologie : https://www.sfdermato.org/
- Société Française de Gynécologie : https://www.sf-gynecologie.fr/
- Pathologies rares de l’insulinosécrétion et de l’insulinosensibilité (PRISIS) – Service d’Endocrinologie, Diabétologie et Médecine de la reproduction : https://endocrino-sat.aphp.fr/prisis/les-lipodystrophies/
- Association Vaincre Dunnigan : https://www.vaincre-dunnigan.org/
- Association Française des LIPodystrophies (AFLIP) : https://www.facebook.com/AFLIP02