La Filière de santé maladies rares NeuroSphinx a été créée fin 2014 dans le cadre du 2ème Plan National Maladies Rares (PNMR II). NeuroSphinx coordonne les acteurs concernés par les malformations pelviennes et médullaires rares avec atteintes sphinctériennes.
La filière réunit trois Centres de Référence Maladies Rares (CRMR) :
– C-MAVEM, malformations vertébrales et médullaires rares,
– MAREP, malformations ano-rectales et pelviennes rares,
– MARVU, malformations rares des voies urinaires.
Les principales missions de ces centres sont d’améliorer la prise en charge des patients atteints de maladies rares, de développer de la recherche translationnelle et clinique, et d’élargir la compréhension et l’information autour de ces pathologies aux professionnels de santé et au grand public.
La filière NeuroSphinx réunit 98 centres de référence et de compétence, ainsi qu’une quinzaine d’associations de patients.
Source : NeuroSphinx – Filière Santé Maladies Rares – https://neurosphinx.fr/
La syringomyélie
Les points clés – Définition de la syringomyélie
La syringomyélie (ou hydromyélie) est une maladie neurologique qui se définit par la présence de cavités liquidiennes intra-médullaires ou cérébrales (syringobulbie) entrainant des lésions et par conséquent un déficit neurologique sévère.1,2
La symptomatologie évocatrice de la syringomyélie est l’apparition du classique syndrome suspendu ou centromédullaire avec la présence d’une douleur dans le territoire concerné. Ses principales manifestations sont une faiblesse, une atrophie et une hyporéflexie des membres supérieurs ; un déficit de la sensibilité thermoalgique « en capeline » sur les épaules, les bras et le dos, est caractéristique. Plus tardivement, des déficits moteurs, des troubles sphinctériens et une faiblesse spastique des membres inférieurs se développent.1-3
Pour en savoir plus sur la syringomyélie, retrouvez les explications du Dr Morar sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
La syringomyélie est causée par un trouble de la circulation du liquide céphalo-rachidien (LCR), ou une perturbation de son écoulement. On note deux formes principales de syringomyélie selon l’origine de causalité. La syringomyélie congénitale, la plus fréquente, est observée chez au moins la moitié des patients présentant des anomalies congénitales de la jonction craniocervicale (malformation de Chiari), cérébrales ou médullaires. En cas de syringomyélie acquise ou secondaire, les syrinx se développent sur une cicatrice suite à un traumatisme médullaire ou consécutivement à une tumeur médullaire (environ 30% des patients avec une tumeur médullaire présentent une syringomyélie). Plus rarement, sans cause connue, ou du fait de facteurs prédisposants inconnus, on observe une forme de syringomyélie dite primitive ou idiopathique.3-4,6
La prévalence est estimée à 8.4/100 000, soit 6 000 patients atteints en France. Des cas de syringomyélie familiale à transmission autosomique récessive ont été rapporté avec une incidence estimée à 2% de tous les cas de syringomyélie.1,2
Le diagnostic est évoqué devant un syndrome centromédullaire inexpliqué ou d’autres déficits neurologiques caractéristiques, en particulier des déficits sensitifs thermoalgiques avec une distribution en capeline. L’examen de choix est l’imagerie par résonance magnétique (IRM) médullaire et cérébrale qui, hormis les informations sur la cavité même, peut révéler les pathologies responsables ou associées.4,5
Le traitement repose principalement sur un suivi à long terme ; la décompression chirurgicale est proposée en cas de dégradation neurologique progressive. Le choix d’intervention est déterminé par le type et l’étiologie du syrinx.1-3,5
Une approche pluridisciplinaire est nécessaire et passe par les spécialistes suivants : neurochirurgiens, neurologues, radiologues, kinésithérapeutes et oncologues en cas de tumeur médullaire.1,5
Références
- PNDS, HAS – Syringomyélie: https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2016-12/pnds_-syringomyelie.pdf
- Fiche Orphanet, Syringomyélie
- Le Manuel MSD, Syrinx de la moelle épinière ou du tronc cérébral
- W Peter Vandertop. Syringomyelia. Neuropediatrics. 2014 Feb ;45(1):3-9.
- Graham Flint. Syringomyelia: diagnosis and management. Pract Neurol. 2021 Oct;21(5):403-411.
- Lance L. Goetz, Orlando De Jesus, Sean M. McAvoy. Posttraumatic Syringomyelia. Book.
Valve de l'urètre postérieur
Les points clés – Définition de la valve de l'urètre postérieur
La valve de l’urètre postérieur (VUP) est caractérisée par la persistance congénitale anormale d’une membrane ou des replis dans la lumière de l’urètre postérieur, associée à une obstruction significative de la vessie masculine entraînant des troubles de la miction. Elles sont l’origine la plus fréquente d’obstruction fœtale congénitale rare du tractus urinaire inférieur (LUTO) chez le fœtus et chez l’enfant.1,2
Pour en savoir plus sur la valve de l’urètre postérieur, retrouvez les explications du Dr. Peycelon sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
La prévalence estimée des valves de l’urètre postérieur est d’environ 1/5000 naissances masculines. Les valves de l’urètre postérieur touchent exclusivement les hommes.2 Elles sont responsable d’une morbi-mortalité importante dans les pays occidentaux, en particulier en raison de l’altération de la fonction rénale au long terme.3,4
Les valves de l’urètre postérieur se manifestent avec un très large continuum phénotypique, allant d’une forme létale prénatale à une forme légère qui peut apparaitre dans la petite enfance. Dans les cas les plus sévères, les valves de l’urètre postérieur provoquent un oligoamnios, voire un anamnios prénatal. Elles peuvent être associées à une altération du développement pulmonaire et de la fonction pulmonaire néonatale. Le nouveau-né peut présenter une détresse pulmonaire sévère et une symptomatologie de la séquence de Potter, à savoir les yeux écarquillés, un nez aplati, un menton fuyant et de grandes oreilles d’implantation basse avec des malformations ossiculaires. Les valves de l’urètre postérieur sont considérées ainsi comme une urgence néonatale si la grossesse est menée à son terme, et une indication d’interruption médicale de la grossesse dans les formes les plus sévères. Dans les formes moins graves, l’obstruction anténatale donne lieu à une altération anatomique et fonctionnelle de tout l’arbre urinaire. Chez les enfants en bas âge et ceux plus âgés, les valves de l’urètre postérieur se particularisent par une incontinence urinaire, un retard de croissance, des infections urinaires, une hypertension, une léthargie et, in fine, par une insuffisance rénale.1-3,5
L’étiologie des valves de l’urètre postérieur demeure à ce jour inconnue et semble être consécutive à de multiples facteurs génétiques qui interviennent précocement dans l’embryogénèse de l’urètre postérieur vers 4 semaines de développement embryonnaire. Le caractère héréditaire des valves de l’urètre postérieur est également peu compris, et plusieurs gènes et modèles d’hérédité semblent être impliqués dans ce mécanisme.1,3
Le diagnostic prénatal repose sur une échographie, possiblement accompagnée d’examens d’imagerie par résonance magnétique. Le rôle de dépistage de l’échographie anténatale est donc primordial. Quant au diagnostic postnatal, il est évoqué devant une échographie rénale mettant en évidence une dilatation de la vessie dont la paroi est épaissie et l’urètre postérieur dilaté. Il est confirmé par une urétrocystographie et une cystoscopie mictionnelle. Des tests biologiques peuvent être réalisé dans le but d’abord d’évaluer puis surveiller la fonction rénale chez les patients.2,5-7
La prise en charge prénatal des VUP se résume à une décompression urinaire à l’aide d’une dérivation vésico-amniotique. Le traitement post-natal de la valve de l’urètre postérieur consiste dans un premier temps à lever l’obstacle par ablation de la valve primaire ou par vésicostomie. Par la suite, l’intervention chirurgicale dépend de l’état de la fonction vésicale et rénale. Les nouveau-nés sont immédiatement placés sous prophylaxie antibiotique et une dérivation par cathéter suprapubien ou transurétral est mis en place afin de drainer leur vessie. La fonction pulmonaire et l’équilibre hydro-électrolytique doivent être surveillés.1-3,5-7
Une approche pluridisciplinaire est nécessaire et implique les obstétriciens, professionnels de la néonatologie, urologues pédiatres, néphrologues pédiatres, chirurgiens pédiatres1,3
Références
- PNDS, prise en charge des patients atteints de VUP, du fœtus à l’adolescence : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021 11/marvu_pnds_vup_synthese_v2_12112021.pdf
- Fiche Orphanet, Valve de l’urètre postérieur.
- Matthieu Peycelon et al. Valves de l’urètre postérieur : du fœtus à l’enfant. Rôle de l’urologue pédiatre : https://www.sfip-radiopediatrie.org/wp-content/uploads/2018/07/Peycelon_SFIPPtoulouse_2017.pdf
- Abdulrasheed A Nasir and al. Posterior urethral valve. World J Pediatr. 2011 Aug;7(3):205-16.
- Manuel MSD – Malformations de l’urètre.
- Hideo Nakai and al. Aggressive diagnosis and treatment for posterior urethral valve as an etiology for vesicoureteral reflux or urge incontinence in children. Investig Clin Urol. 2017 Jun; 58(Suppl 1): S46–S53.
- Fiche information Société Francophone d’Urologie Pédiatrique et de l’Adolescent, les valves de l’urètre postérieur : https://www.chirpediatric.fr/upload/documents/fiches_public/Fiches_SFUPA_2018/valves_uretre_post.pdf
Exstrophie vésicale
Les points clés – Définition de l’exstrophie vésicale
L’exstrophie vésicale est une malformation due à un défaut de développement de la membrane cloacale et du mésoderme de la paroi abdominale, aboutissant à l’extériorisation, l’ouverture et l’étalement en surface de la vessie en une plaque qui occupe la région sous-ombilicale. La vessie s’ouvre au-dessus du pubis et l’urine s’écoule par la vessie ouverte plutôt que par l’urètre. Malgré la gravité de cette malformation, la fonction rénale reste habituellement normale.1,3
Le complexe exstrophie vésicale-épispadias (CEE) malformatif s’étend de l’épispadias (E), l’exstrophie vésicale classique (EVC) jusqu’à l’exstrophie cloacale (EC), forme la plus sévère. Selon sa sévérité, la malformation peut concerner l’appareil urinaire, le système musculosquelettique, le bassin, le périnée, la paroi abdominale, les organes génitaux, voire le rachis et l’anus.1
La prévalence globale estimée, pour toutes formes confondues, est de 1/10 000 naissance, allant de 1/200 000 pour l’exstrophie cloacale à 1/30 000 pour l’exstrophie vésicale classique ; avec une prédominance masculine (sex ratio de 3 :1).1,4-5
L’exstrophie vésicale se manifeste en prénatal par la non-visualisation de la vessie théoriquement visible dès l’échographie du premier trimestre. A la naissance, le complexe exstrophie vésicale-épispadias se particularise par une déhiscence sous ombilicale de la paroi abdominale avec, soit évagination de la plaque vésicale (EVC), soit ouverture (garçons) ou fente (filles) de la plaque urétrale (E). L’urine s’écoule par les méats urétéraux visibles sur la plaque vésicale ou par l’urètre. Dans les rares cas d’exstrophie cloacale, deux hémi-vessies exstrophiées, un omphalocèle, une imperforation anale et des anomalies rachidiennes peuvent être observées chez les nouveau-nés. Des formes atypiques de complexe exstrophie vésicale-épispadias ; exstrophie dupliquée, exstrophie couverte et pseudo-exstrophie ont également été rapportées.1,3
L’étiologie de l’exstrophie vésicale est consécutive à rupture ou d’une distension mécanique de la membrane cloacale qui empêche la migration des cellules mésodermiques le long de la ligne médiane sous ombilical. La temporalité de la rupture au cours de la grossesse détermine la sévérité de la malformation. La cause sous-jacente paraît être sporadique, bien que quelques formes génétiques avec transmission autosomique dominante aient été décrits.1,4-5
Pour en savoir plus sur l’exstrophie vésicale, retrouvez les explications du Pr. Leclair sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Le diagnostic de l’exstrophie vésicale est fréquemment réalisé à la naissance et il repose sur un examen clinique face à la découverte d’une anomalie génito-urinaire. Plus rarement, un diagnostic prénatal est effectué, se référant à l’absence répétée de visualisation d’une vessie fœtale normalement remplie, au cours des échographies de suivi de grossesse. Les parents doivent bénéficier d’une information complète, le pronostic étant favorable, l’interruption de grossesse n’est plus systématiquement recommandée.1,5
La prise en charge est essentiellement chirurgicale, fondée sur trois étapes essentielles : la fermeture de la vessie en période néonatale ; la reconstruction de l’urètre et de la verge chez le garçon ; la chirurgie de la vidange vésicale et de la continence. L’enjeu majeur de cette stratégie thérapeutique est de restaurer les mécanismes actifs et complexes qui gèrent la vidange vésicale et le maintien de la sécheresse entre deux mictions.1,6
Une approche pluridisciplinaire est nécessaire et implique les chirurgiens pédiatres, néphrologues pédiatres, orthopédistes pédiatres, urologues spécialistes de la transition adolescent – jeune adulte, kinésithérapeutes, infirmières en pratiques avancées et psychologues.7
Références
- Fiche Orphanet, Exstrophie vésicale-épispadias.
- Manuel MSD – Anomalies de la vessie.
- Michel Tshimbayi et al. Exstrophie vésicale : à propos d’un cas diagnostiqué tardivement. Pan Afr Med J. 2014 ; 17 : 172.
- Heiko Reutter and Gundela Holmdahl. Genetic Counseling for Bladder Exstrophy-Epispadias Complex. Eur J Pediatr Surg. 2021 Dec ;31(6) :468-471.
- Furtos and al. Prenatal diagnosis and management of isolated bladder exstrophy. Gynécologie Obstétrique & Fertilité. Volume 38, Issue 10, October 2010, Pages 624-630.
- Mouriquand. Complexe exstrophie épispade (CEE). Urologie, Novembre 2018, [18-208-A-10]
- CHU Nantes, Fiche Prise en charge des Exstrophies : https://www.chu-nantes.fr/prise-en-charge-des-exstrophies
Malformations anorectales
Les points clés – Définition des malformations anorectales
Les malformations anorectales (MAR) regroupent un large spectre d’anomalies congénitales de la partie terminale du tube digestif, intéressant le rectum, le sphincter anal et le système urogénital. Les MAR surviennent précocement entre la sixième et la dixième semaine de développement embryonnaire, mais leur dépistage prénatal est rarement possible.1-4
Les manifestations des MAR sont variées, allant d’une simple malposition anale à une agénésie anorectale complète ou à une malformation cloacale. Plusieurs classifications de MAR existent, la plus utilisée, pour sa simplicité et sa valeur pronostique, reste l’anatomique qui décrit les MAR en fonction du niveau du cul-de-sac rectal par rapport à une ligne virtuelle allant du pubis au coccyx, correspondant à la ligne d’insertion des muscles releveurs de l’anus. Elle distingue ainsi : les formes hautes : le rectum n’atteint pas le plancher pelvien, de mauvais pronostic, et les formes basses : le rectum descend jusqu’au périnée, de meilleur pronostic.1,4-5
L’étiologie des MAR est probablement multifactorielle, avec interaction entre facteurs génétiques et environnementaux, et la majorité des cas est sporadique. Une transmission familiale a été rapportée avec une pénétrance incomplète et une expression clinique variable. Tout trouble des gènes régulant le développement de l´intestin postérieur (Wnt, Hox, Shh, Gli2, Bmp 4, Fgf et CDX1) est susceptible de contribuer à la genèse des MAR.1,2
Pour en savoir plus sur les malformations anorectales, retrouvez les explications du Pr.Sarnackisur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
La prévalence des MAR varie entre 1/2500 et 1/5000 naissances selon les séries. Le sexe ratio est en faveur d’une prédominance masculine : 1,6/1.1,3
Le diagnostic des MAR se fait souvent avant que les symptômes n’apparaissent lors du premier examen clinique du nouveau-né. Ce dépistage fait partie de l’examen obligatoire en salle de naissance et figure dans le carnet de santé à la page 8. Les investigations cliniques et radiologiques des MAR sont donc réalisées dans les 24 à 48 premières heures de vie ; et permettent de détecter des anomalies associées présentes dans 60 à 70% des cas. Le bilan malformatif comprend une échographie de l’arbre urinaire et de la moelle, une échocardiographie, une radiographie de rachis complet, et une échographie transfontanellaire.1,4-6
Le but du traitement est de rétablir une anatomie et une continence fécale aussi proche que possible de la normale. Le traitement des MAR basses consiste en des dilatations simples pour les sténoses anales basses ou une anoplastie périnéale pour les autres formes. Les MAR hautes sont plus difficiles à corriger. Dans ce cas, une colostomie transitoire peut être proposée : elle consiste à créer une ouverture dans la paroi abdominale et à la connecter au côlon pour dériver les selles dans une poche reliée à la paroi abdominale. La colostomie reste en place jusqu’à ce que le nouveau-né ait suffisamment grandi pour que les zones à réparer soient plus importantes. La colostomie est ensuite refermée lorsque la malformation est corrigée.4,6
Une approche pluridisciplinaire est nécessaire et implique les spécialistes suivants : professionnel de la maternité, gynécologues obstétriciens, chirurgiens pédiatres, pédiatres gastro-entérologues, rééducateurs spécialisés en périnéo-sphintérien et diététiciens.1
Références
- PNDS, HAS – Malformations ano-rectales isolées. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-11/synthese_mg_malformations_ano_rectales_isolees.pdf
- Trésor Kibangula Kasanga and al. Malformations anorectales : revue de 6 ans aux Cliniques Universitaires de Lubumbashi. Pan Afr Med J. 2021 ; 38 : 64.
- Tresor Kibangula Kasanga and al. Malformation anorectale avec fistule recto-uretro-bulbaire prise en charge tardivement : à propos d’un cas. Pan Afr Med J. 2019 ; 33 : 223.
- Merrot. Malformations anorectales, prolapsus rectal. EM Consulte [4-018-P-50].
- Société Nationale Française de Colo-Proctologie – Les malformations anorectales.
- Manuel MSD- Malformations ano-rectales.
Maladie de Hirschsprung
Les points clés – Définition de la maladie de Hirschsprung
La maladie de Hirschsprung (HSCR) ou mégacôlon aganglionique est une anomalie congénitale rare due à l’absence de cellules ganglionnaires dans les plexus nerveux végétatifs (aganglionose) dans la paroi du segment terminal de l’intestin, entraînant une obstruction fonctionnelle partielle ou totale. La maladie de Hirschsprung est la plus fréquente des occlusions intestinales de l’enfant. Le terme classique de « mégacôlon » fait référence à l’aspect dilaté que prend le côlon fonctionnel sain au-dessus de l’obstruction.1-4
La prévalence estimée de la maladie de Hirschsprung est de 1/5000 à 1/10 000 naissances. Une prédominance masculine dans la forme recto-sigmoïdienne de la maladie est rapportée (sex ratio de 4 :1).1,4
La maladie de Hirschsprung se manifeste à la naissance avec un retard d’évacuation du méconium et une occlusion néonatale chez 50 à 90% des nouveau-nés. Plus de 48 heures de délai à l’évacuation du premier méconium chez un nouveau-né à terme sans autre pathologie doit faire évoquer ce diagnostic. La distension abdominale accompagnée ou précédée de vomissements dans la forme classique sont observés. En cas d’une aganglionose courte, la constipation n’est que discrète ou intermittente, souvent entrecoupée d’épisodes de diarrhée modérée, origine de retards diagnostiques. Plus rarement, la maladie se manifeste plus tard dans l’enfance par des symptômes de constipation sévère et par un retard de croissance. Enfin, les nourrissons peuvent présenter une entérocolite de Hirschsprung dont les signes évocateurs sont une dilatation aiguë du côlon, souvent suivie d’un sepsis et d’un choc. L’entérocolite représente la complication la plus grave de la maladie de Hirschsprung pouvant mettre en jeu le pronostic vital, une prise en charge précoce est nécéssaire.1-3,5
En fonction de la longueur du segment aganglionnaire, on distingue quatre formes de la maladie : de la forme recto-sigmoïdienne (forme classique ; 80 % des cas), à l’aganglionose colique totale, forme la plus sévère et rare de la maladie qui touche le gros intestin dans son ensemble.1-2
L’étiologie de la maladie de Hirschsprung est sporadique dans 70% des cas, mais 30 % peuvent être associées à des formes héréditaires. Certains facteurs génétiques et environnementaux jouent un rôle dans la pathogenèse de la maladie.1,3,6-7
Le diagnostic de certitude, fréquemment réalisé au cours de la petite enfance, repose sur des biopsies chirurgicales qui permettent de cartographier l’extension de la maladie et ainsi de planifier le traitement chirurgical. Le recours aux tests génétiques n’est pas systématique, ils peuvent être réalisés en cas d’aganglionose colique totale. Le diagnostic de la maladie de Hirschsprung doit être posé le plus tôt possible. En l’absence d’un traitement, le risque d’une entérocolite d’Hirschsprung s’amplifie, une complication qui peut être fulminante et fatale.1,2,4
La prise en charge de la maladie de Hirschsprung est exclusivement chirurgicale. L’exérèse chirurgicale vise à supprimer ou à contourner la zone aganglionnaire et à rétablir la continuité digestive par l’anastomose de la partie proximale du côlon avec la marge anale. Dans les formes sévères, coliques totales, une transplantation intestinale peut être nécessaire. Après la réparation chirurgicale, le pronostic est favorable, bien que de nombreux nourrissons gardent une dysmotilité chronique avec constipation et/ou problèmes occlusifs.1-2,4,9
Pour en savoir plus sur la maladie Hirschsprung, retrouvez les explications du Dr. Crétolle sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Une approche pluridisciplinaire est nécessaire et implique les professionnels de la maternité, chirurgiens pédiatres, pédiatres gastro-entérologues, rééducateurs spécialisés en périnéo-sphintérien, diététiciens, psychologues.1,4
Références
- Fiche Orphanet, Maladie de Hirschsprung
- Manuel MSD – Maladie de Hirschsprung (Mégacôlon congénital).
- Philippe-Chomette et al. Maladie de Hirschsprung chez l’enfant : diagnostic et prise en charge. Journal de Pédiatrie et de Puériculture Volume 21, Issue 1, February 2008, Pages 1-12.
- Fiche MAREP, Qu’est-ce que la maladie de Hirschsprung ? https://hopital-necker.aphp.fr/marep/maladie-de-hirschsprung/#1545041738488-28fc2e33-43a0
- Tournier-Astruc et al. Entérocolite compliquant une maladie de Hirschsprung diagnostiquée tardivement. Archives de Pédiatrie. Volume 19, Issue 8, August 2012, Pages 819-822.
- Montalva and al. Hirschsprung disease. Nat Rev Dis Primers. 2023 Oct 12;9(1):54.
- Klein and I.Varga Hirschsprung’s Disease—Recent Understanding of Embryonic Aspects, Etiopathogenesis and Future Treatment Avenues. Medicina (Kaunas). 2020 Nov ; 56(11):611.
- L Mueller and A.M Goldstein. The science of Hirschsprung disease: What we know and where we are headed. Semin Pediatr Surg. 2022 Apr ;31(2) :151157.
- Fiche fimatho, Maladie de Hirschsprung : https://www.fimatho.fr/maladies-rares/digestives/maladie-de-hirschprung