Les points clés - Définition du Syndrome de Cushing
Le syndrome de Cushing est une maladie endocrinienne rare qui regroupe un ensemble de manifestations induites par une exposition chronique à un excès endogène de glucocorticoïdes, résultant d’une sécrétion excessive de cortisol par les glandes corticosurrénales1,2. Le cortisol est impliqué dans de nombreux processus physiologiques tels que la dégradation des protéines musculaires et osseuses, la répartition des graisses, la formation de glucose, la stimulation du système immunitaire3…
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Les manifestations cliniques du Syndrome de Cushing
Les manifestations cliniques les plus visibles sont un changement de l’apparence du patient avec une obésité du haut du corps et du visage, de l’hypertension artérielle, des troubles de la glycorégulation (diabète) et des symptômes de dépression2,3.
Le syndrome de Cushing se déclare généralement entre 25 et 40 ans1, et touche entre 1 et 6 personnes par million d’habitants par an2.
Il existe plusieurs formes distinctes du syndrome de Cushing1-4 :
- 85 % des formes sont ACTH-dépendantes : l’hormone adrénocorticotrope (ACTHa) est une hormone produite, en condition physiologique, par les cellules de l’hypophyse dites corticotropes. Elle régule positivement la sécrétion de cortisol au niveau des glandes corticosurrénales. Une hypercortisolémie peut donc être due à une sécrétion excessive d’ACTH ayant pour origine :
- Un adénome hypophysaire, appelé maladie de Cushing, découvert par le neurochirurgien américain Harvey Cushing en 1912.
- Des tumeur(s) endocrine(s) avec sécrétion ectopique d’ACTH qui peuvent se localiser dans les poumons, le pancréas, la thyroïde, …
- 15 % des formes sont ACTH-indépendantes : la sécrétion du cortisol par les glandes corticosurrénales est autonome et indépendante de l’ACTH. Cette production excessive de cortisol peut être due à la présence de tumeur(s) surrénalienne(s) :
- Adénome surrénalien (tumeur bénigne et unilatérale)
- Corticosurrénalome (tumeur maligne).
Le diagnostic du Syndrome de Cushing
Le diagnostic du syndrome de Cushing repose essentiellement sur l’identification de l’hypersécrétion de cortisol3,4 et sur la caractérisation de la cause qui l’induit, principalement grâce à l’utilisation de l’imagerie1,2.
Les principaux diagnostics différentiels du syndrome de Cushing sont le syndrome métabolique, le syndrome de Cushing d’origine iatrogène (ou médicamenteuse) et le pseudo-syndrome de Cushing2,3.
En fonction de la forme du syndrome de Cushing, l’approche thérapeutique sera différente. Elle visera dans tous les cas à corriger l’hypercorticisme et à prendre en charge les complications associées1-3.
a ACTH : Adreno CorticoTropic Hormone
Références :
- Orphanet – https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=553
- HAS, PNDS syndrome de Cushing – https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2008-12/pnds_syndrome_de_cushing_version_web_051208.pdf
- Encyclopédie Orphanet Grand Public – https://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/Cushing-FRfrPub8667.pdf
- Association Surrénales – https://www.surrenales.com/syndrome-et-maladie-de-cushing/
Les symptômes du Syndrome de Cushing
Le syndrome de Cushing est une maladie endocrinienne dont les symptômes sont peu spécifiques et varient d’un patient à l’autre1.
Les symptômes fréquemment observés sont :
Une obésité facio-tronculaire
- Une obésité facio-tronculaire. Les patients atteints du syndrome de Cushing présentent une anomalie de répartition des graisses, qui se localisent dans la partie haute du corps au niveau du tronc et du visage qui devient rond, bouffi et rouge1,2.
Pour en savoir plus sur les symptômes du syndrome de Cushing, écoutez les explications du Pr Chabre, sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Des signes d’hypercatabolisme
- Des signes d’hypercatabolisme1-3:
- Fragilités cutanée et vasculaire : les patients ont une peau fine et fragile, avec des vergetures violines, des ecchymoses, et un retard dans la cicatrisation des plaies.
- Faiblesse musculaire : les patients sont facilement fatigués et présentent des amyotrophies musculaires.
- Fragilité osseuse : les patients souffrent d’ostéoporose inexpliquée et se font facilement des factures.
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Les autres symptômes du Syndrome de Cushing
- Une atteinte hormonale. Les femmes peuvent avoir un cycle menstruel irrégulier ou être infertiles tandis que les hommes peuvent souffrir de dysfonctions érectiles. Les patients peuvent avoir une baisse de la libido, de l’hirsutismeb et de l’acné2,4.
- Des troubles psychologiques. Différents types d’atteintes psychologiques peuvent se manifester, telles qu’une dépression, une irritabilité ou encore des troubles du sommeil2.
- Une hypertension artérielle2.
- Un diabète1.
- Une sensibilité accrue aux infections. Les patients manifestent davantage des mycoses unguéales et cutanées1.
- Une prise de poids et un ralentissement de la croissance staturale chez les enfants2,3.
Pour en savoir plus sur les symptômes du syndrome de Cushing, écoutez les explications du Pr Bertherat, sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Les morbidités engendrées par le syndrome de Cushing peuvent être sévères et mettre en jeu le pronostic vital des patients. Il s’agit de complications cardiovasculaires, psychologiques, infectieuses, squelettiques1…
b Hirsutisme : pilosité excessive
Références :
- Encyclopédie Orphanet Grand Public – https://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/Cushing-FRfrPub8667.pdf
- Orphanet – https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=553
- HAS, PNDS syndrome de Cushing – https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2008-12/pnds_syndrome_de_cushing_version_web_051208.pdf
- Association Surrénales – https://www.surrenales.com/syndrome-et-maladie-de-cushing/
Dépistage et diagnostic du Syndrome de Cushing
Le diagnostic du syndrome de Cushing est réalisé par une équipe pluridisciplinaire composée de divers professionnels de santé (endocrinologues, biologistes, radiologues, …).
La précocité du diagnostic est déterminante. L’évolution spontanée des symptômes est marquée par une surmortalité et des morbidités importantes1.
A la suite d’un examen clinique évocateur du syndrome de Cushing, les professionnels de santé rechercheront des signes biologiques d’une hypersécrétion de cortisol. La cortisolémie matinale n’est pas une mesure pertinente pour le diagnostic. En effet, chez les personnes ne présentant pas d’hypersécrétion de cortisol, le taux de cortisol est naturellement élevé le matin et décroît lentement au cours de la journée.
Les examens conseillés en première intention, éventuellement en ambulatoire si le patient est compliant, sont l’un et/ou l’autre des examens suivants1 :
– 2 à 3 mesures de la cortisolurie sur 24 heures avec créatininurie.
– Un freinage minute (dexaméthasone à 1 mg per os à minuit et dosage du cortisol plasmatique à 8 heures le lendemain matin et/ou salivaire avec envoi dans un laboratoire spécialisé).
– 2 à 3 mesures du cortisol salivaire nocturne (classiquement à 24 heures et envoi dans un laboratoire spécialisé).
Pour en savoir plus sur le dosage du cortisol dans le syndrome de Cushing, écoutez les explications du Pr Chabre, sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
D’autres tests spécifiques peuvent être réalisés par un endocrinologue 2-4.
Dans un second temps, c’est la cause de l’hypercorticisme qui sera recherchée. Les différentes techniques d’imagerie permettent d’identifier, si le volume tumoral est suffisant, la localisation, la taille et l’invasivité de la tumeur1,2,4 :
- IRM hypophysaire ou cathétérisme des sinus pétreux inférieurs pour une suspicion de maladie de Cushing.
- Scanner ou IRM des surrénales pour une suspicion d’un syndrome de Cushing ATCH-indépendant (adénome surrénalien ou corticosurrénalome).
- Scanner ou IRM thoracique pour une suspicion de tumeur(s) ectopique(s) sécrétrice(s) d’ACTH.
D’autres examens peuvent être nécessaires à la confirmation du diagnostic et pour explorer les potentielles complications4.
Pour en savoir plus sur le diagnostic du syndrome de Cushing, écoutez les explications du Pr Pivonello, sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Références :
- HAS, PNDS syndrome de Cushing – https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2008-12/pnds_syndrome_de_cushing_version_web_051208.pdf
- Orphanet – https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=553
- Association Surrénales – https://www.surrenales.com/syndrome-et-maladie-de-cushing/
- Encyclopédie Orphanet Grand Public – https://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/Cushing-FRfrPub8667.pdf
Diagnostics différentiels du Syndrome de Cushing
Pour établir le diagnostic du syndrome de Cushing, un certain nombre de diagnostics différentiels sont à écarter1-2 :
- Un syndrome métabolique. Les patients présentent également une hypertension artérielle, un diabète et une obésité abdominale.
- Un syndrome de Cushing d’origine iatrogène/exogène. Dans ce cas de figure, le syndrome de Cushing est causé par une administration prolongée d’hormones synthétiques telles que des médicaments corticoïdes de synthèse.
- Un pseudo-syndrome de Cushing, caractérisé par une symptomatologie semblable au syndrome de Cushing mais en l’absence d’une quelconque tumeur. Il peut être causé par l’alcoolisme, le stress ou encore des maladies psychiatriques.
Pour en savoir plus sur les diagnostics différentiels, écoutez les explications du Pr Chabre, sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Références :
- HAS, PNDS syndrome de Cushing – https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2008-12/pnds_syndrome_de_cushing_version_web_051208.pdf
- Encyclopédie Orphanet Grand Public – https://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/Cushing-FRfrPub8667.pdf
La prise en charge du Syndrome de Cushing
La prise en charge thérapeutique consiste à corriger l’hypercorticisme. Généralement, cela consiste en l’ablation de la lésion tumorale causale si elle est localisable et chirurgicalement opérable1.
Pour en savoir plus sur la prise en charge du syndrome de Cushing, écoutez les explications du Pr Bertherat, sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Chacune des formes du syndrome de Cushing sera traitées de manière spécifique1-3 :
- Maladie de cushing (adénome hypophysaire) : une hypophysectomie partielle de l’adénome hypophysaire corticotrope est réalisée par voie transsphénoïdale sous anesthésie générale.
- Tumeur(s) endocrine(s) à sécrétion ACTH : une ablation chirurgicale spécifique à la localisation de la tumeur est effectuée.
- Adénome corticosurrénalien : une surrénalectomie unilatérale est faite par coeliochirurgie ou vidéoscopie sous anesthésie générale.
- Corticosurrénalome : une chirurgie pour réséquer complètement la tumeur et les ganglions atteints est réalisée.
De façon spécifique à chaque patient et tumeur, la chirurgie n’est pas toujours possible, recommandée ou efficace. Dans ces situations, ou en cas de récidive, les tumeurs peuvent être traitées par chimiothérapie ou radiothérapie3. Des traitements médicamenteux peuvent également être prescrits pour bloquer la sécrétion de cortisol1.
En cas de dernier recours, si la chirurgie est impossible et que les autres traitements sont inefficaces et/ou non tolérés, l’équipe médicale peut avoir recours à une surrénalectomie bilatérale. Les patients souffriront alors d’insuffisance surrénalienne à vie4.
Une fois que la lésion tumorale causale est supprimée ou que l’hypercorticisme est contrôlé, la plupart des symptômes sont réversibles. De nombreux patients subissent une réelle transformation et retrouvent leur apparence d’origine en seulement quelques mois. Les autres manifestations telles que l’hypertension artérielle, le diabète ou encore les troubles psychiques sont également corrigées1.
Pour en savoir plus sur la prise en charge du syndrome de Cushing, écoutez les explications du Pr Biermasz, sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Références :
- Encyclopédie Orphanet Grand Public – https://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/Cushing-FRfrPub8667.pdf
- Orphanet – https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=553
- HAS, PNDS syndrome de Cushing – https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2008-12/pnds_syndrome_de_cushing_version_web_051208.pdf
- Association Surrénales – https://www.surrenales.com/syndrome-et-maladie-de-cushing/
La parole aux patients atteints du Syndrome de Cushing
Comme souvent dans les maladies rares, l’enjeu autour de l’errance diagnostique est très important. Dans le cas du syndrome de Cushing, le retard diagnostique est en moyenne de 5 ans en raison de l’absence de spécificité des symptômes et de leur variabilité.
Pour en savoir plus sur les problèmes d’errance diagnostique, écoutez le témoignage de Mme Fournier, sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Il est important que les médecins de première ligne soient sensibilisés au diagnostic précoce de cette maladie, afin de prendre en charge les patients le plus tôt possible. Les taux de morbidité et de surmortalité chutent en cas de diagnostic précoce, d’autant plus que de nombreux symptômes sont réversibles à la suite du rééquilibrage du taux de cortisol1.
Améliorer l’information des patients et des professionnels de santé pour faciliter le diagnostic et optimiser la prise en charge des patients sont les objectifs des filières maladies rares et des centres de référence maladies rares qui apportent leur savoir-faire et leur expertise4. Pour le syndrome de Cushing, FIRENDO, la filière maladies rares endocriniennes, est en 1ère ligne2.
L'association surrénales
Ces objectifs sont partagés par les associations de patients. Lorsque le syndrome de Cushing est diagnostiqué, les malades et leurs proches se retrouvent souvent seuls face à une maladie souvent peu ou mal connue. Il est alors très important d’orienter les patients vers une association de patients qui pourra apporter des informations précieuses basées sur l’expérience de ses membres. Ces associations travaillent également en coordination avec les centres de référence5.
Pour en savoir plus sur le rôle et les actions des associations de patients, écoutez le témoignage de Mme Fournier, sur RARE à l’écoute, le podcast dédié aux maladies rares, en cliquant ici.
Les associations, comme l’association Surrénales, peuvent également mener des actions en faveur de la recherche. Elles peuvent également participer à l’élaboration d’outils d’éducation thérapeutique ou organiser des réunions d’informations pour les patients et leurs proches5.
Références :
- Encyclopédie Orphanet Grand Public – https://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/Cushing-FRfrPub8667.pdf
- Filière FIRENDO – http://www.firendo.fr/filiere-firendo/filieres-maladies-rares-pourquoi/
- Centre de référence des maladies rares de la surrénale – http://surrenales.aphp.fr/
- Centre de référence des maladies rare de l’hypophyse (HYPO) – http://fr.ap-hm.fr/site/defhy
- Association Surrénales – https://www.surrenales.com/actualites/l-association/
Les spécialistes du Syndrome de Cushing
Pour plus d’informations sur le syndrome de Cushing, vous pouvez consultez les articles, vidéos et sites web ci-dessous :
- Association Surrénales : Association Française sur les maladies des surrénales reconnue d’intérêt général (surrenales.com)
- Centre de référence des maladies rares de la surrénale : http://surrenales.aphp.fr/
- Centre de référence des maladies rare de l’hypophyse (HYPO) : http://fr.ap-hm.fr/site/defhy
- Encyclopédie Orphanet Grand Public : https://www.orpha.net/data/patho/Pub/fr/Cushing-FRfrPub8667.pdf
- Filière FIRENDO : http://www.firendo.fr/filiere-firendo/filieres-maladies-rares-pourquoi/
- HAS, PNDS syndrome de Cushing : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2008-12/pnds_syndrome_de_cushing_version_web_051208.pdf
- MSD manuel – Syndrome de Cushing : https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-endocriniens-et-m%C3%A9taboliques/pathologies-surr%C3%A9naliennes/syndrome-de-cushing
- Orphanet – Syndrome de Cushing : https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=553
- Société Française d’Endocrinologie : http://www.sfendocrino.org/