Les points clés - Définition de la Cystinose
La cystinose est une maladie génétique due à un déficit en cystinosine, responsable, entre autres, du transport de la cystine en dehors des lysosomesa dans différents organes.
Il s’agit d’une maladie autosomique récessive qui touche autant les garçons que les filles.
La prévalence estimée en France est de 1 à 2 cas sur 200 000 naissances, ce qui en fait une maladie rare. 1
La cystinose est causée par une mutation dans le gène CTNS qui code pour la cystinosine. Du fait des rôles physiologiques multiples de cette protéine dans l’organisme, la physiopathologie de cette maladie est relativement complexe 1,3
Pour en savoir plus sur la cystinose, écoutez le témoignage du Dr Servais sur RARE à l’écoute, la chaîne de podcast dédiée aux maladies rares, en cliquant ici.
On distingue plusieurs formes de cystinose, d’autant plus sévères que les premiers signes de la maladie : soif intense et urines abondantes (ou syndrome polyuropolydipsique), vomissements, retard de croissance…, sont précoces :
- La forme infantile, qui se manifeste après le troisième mois de vie, est la forme la plus grave. Elle est caractérisée par un syndrome polyuropolypsique ainsi qu’un retard de croissance, une hypokaliémie, une acidose et une glycosurie, pouvant faire évoquer un syndrome de Fanconi. Plus tard, les cristaux de cystine qui se forme dans la cornée causeront une atteinte oculaire, le patient développant notamment une photophobie (intolérance à la lumière). 1,2
- La forme juvénile qui se manifeste après 8 ans va voir se développer des atteintes rénales et oculaires, avec une gravité moindre que dans la forme infantile. 1,2
- La forme adulte, la plus rare mais aussi la plus bénigne, est le plus souvent uniquement caractérisée par une atteinte oculaire. 1,2
Les principaux diagnostics différentiels sont le syndrome de Fanconi pouvant être causé par d’autres maladies, ainsi que le diabète insipide. Des analyses plus poussées spécifiques de la maladie permettront de confirmer la cystinose. 3
Le diagnostic de cystinose est établi par le dosage d’un acide aminé particulier, la cystine, à l’intérieur des leucocytes, complété par une analyse génétique pour confirmer la mutation du gène CTNS. Une analyse ophtalmologique à la lampe à fente permet de détecter la formation de cristaux de cystine dans la cornée, un autre signe caractéristique de la cystinose. 3
Le traitement classique de cette maladie rare comporte des suppléments électrolytiques et vitaminiques. Certains traitements peuvent aider à mieux contrôler les pertes hydrosodées mais doivent être mis en place en milieu hospitalier, tandis qu’un traitement spécifique administré par voie orale ou locale diminuera le taux de cystine dans les lysosomes. 3
Du fait de la physiopathologie complexe de la maladie, plusieurs organes étant touchés, la prise en charge mobilisera de nombreux professionnels de santé. 3
a Lysosomes: organistes intracellulaires permettant la dégradation de nombreuses molécules biologiques.
b Endocytose: mécanisme de transport de molécules vers l’intérieur de la cellule.
c Stress oxydatif: agression des cellules par des radicaux libres ou « espèces réactives de l’oxygène ».
d La fonction des mitochondries est de fournir aux cellules de l’énergie.
e Autophagie: mécanisme de dégradation de la cellule en utilisant ses propres lysosomes.
Références :
Les symptômes de la Cystinose
La cystinose est caractérisée par l’accumulation de cystine dans les lysosomes du fait de la mutation du gène CTNS codant pour la cystinosine. La maladie a une physiopathologie complexe. 2
Les symptômes caractéristiques sont, vers 4 à 6 mois de vie, une polyurie (urines abondantes), une polydipsie (soif intense), et un retard de croissance, pouvant être associés à des troubles digestifs avec des vomissements et une déshydratation ; et finalement une atteinte osseuse avec un rachitisme. C’est souvent à l’occasion d’un bilan d’un poids et d’une taille anormale que le diagnostic sera établi. Ces dysfonctionnements sont liés à une tubulopathie proximale : au niveau des cellules proximales du tubule rénal, on observe une perte d’électrolytes, des protéines, du bicarbonate, du potassium, du phosphore. 1,2
L’autre symptôme caractéristique très précoce est l’atteinte ophtalmologique avec des dépôts de cristaux de cystine dans la cornée. 2
Pour en savoir plus sur la composante ophtalmologique de la cystinose, écoutez le témoignage sur Dr Liang-Bouttaz sur RARE à l’écoute, la chaîne de podcast dédiée aux maladies rares, en cliquant ici.
Tous les patients souffrant de cystinose développent une atteinte oculaire, La symptomatologie est généralement bilatérale et elle se caractérise par une photophobie, (sensibilité ou intolérance à la lumière), un larmoiement, une irritation oculaire et une sensation de corps étranger dans l’œil. Dans les cas évolués peuvent survenir des douleurs oculaires, un blépharospasmef, une baisse d’acuité visuelle, voire une perte de la vue dans les cas extrêmes.
f Bléopharospasme: trouble caractérisé par des contractions musculaires involontaires des paupières.
Références :
Dépistage et diagnostic de la Cystinose
Un diagnostic de cystinose est généralement évoqué devant les symptômes cliniques suivants chez l’enfant :
- Un retard de croissance chez un enfant de moins de 1 an, avec une cassure de la courbe de croissance apparue après l’âge de 6 mois ;
- Une polyuropolydipsie : soif intense, réveils nocturnes multiples, énurésieg, couches débordant d’urine la nuit ;
- Fièvre inexpliquée ;
- Constipation ;
- Des signes de rachitisme : chapelet costalh, nouures métaphysaires, douleurs et déformations des os longs lors de l’acquisition de la marche ;
- Une glycosurie à la bandelette urinaire, normo glycémique ;
- Une tubulopathie proximale au bilan biologique : fuite sodée, hypokaliémie, hypophosphorémie, acidose métabolique, hémoconcentration, protéinurie tubulaire, glycosurie.
Ce diagnostic fait classiquement suite à un bilan de cassure staturo-pondérale en service de pédiatrie générale, d’endocrinologie ou de gastro-entérologie pédiatrique. 1
Il peut aussi être évoqué devant des signes ophtalmologiques (photophobie) ou la découverte fortuite après l’âge de 1an, de cristaux de cystine lors d’un examen à la lampe à fente. 1
L’examen biologique qui va permettre de confirmer ce diagnostic de cystinose est le dosage de la cystine à l’intérieur des leucocytes. 1
Pour en savoir plus sur les analyses permettant le diagnostic de la cystinose, écoutez le témoignage sur Dr Acquaviva sur RARE à l’écoute, la chaîne de podcast dédiée aux maladies rares, en cliquant ici.
Cet examen n’est réalisé, en France, que dans quelques laboratoires spécialisés. Si le prélèvement peut être réalisé dans n’importe quel centre hospitalier, le dosage n’est pris en charge que dans ces quelques laboratoires. Cet examen nécessite une étape préalable d’isolement des leucocytes qui doit être réalisé assez rapidement après le prélèvement, idéalement dans les 24 heures, et tout au plus dans les 48 heures qui suivent le prélèvement. 1
Une confirmation du diagnostic sera établie par l’analyse du génotype, qui consiste à rechercher les mutations pathogènes dans le gène CTNS qui code la cystinosine, la protéine déficitaire dans la cystinose. 1
g Enurésie: survenue de mictions involontaires chez l’enfant de plus de 5 ans
h Chapelet costal: déformation des côtes suite à une insuffisance en vitamine D
Références :
Diagnostics différentiels de la Cystinose
La cystinose se manifeste généralement d’abord par un retard de croissance, un syndrome polyuropolydipsique ainsi que par une tubulopathie proximale et une glycosurie. 1-3
Ainsi les principaux diagnostics différentiels seront :
- Le syndrome de Fanconi, maladie rénale avec un trouble généralisé de la fonction tubulaire proximale rénale, qui peut être due à la cystinose, ou à une autre pathologie : maladie de Wilson, ou syndrome de Lowe par exemple. 2,3
- Le diabète insipide, caractérisé également par une soif intense et des urines abondantes, mais qui est causé par une anomalie de sécrétion ou d’action d’une hormone au niveau de l’hypothalamus. 1,3
Il conviendra donc de confirmer le diagnostic de cystinose par le dosage de la cystine intraleucocytaire et l’analyse génétique du gène CTNS.
Références :
- Pas à pas pédiatrique – https://fr.pap-pediatrie2-poc.elsevier.cc/consulter/maladie-chronique/demarche-diagnostique-devant-un-syndrome-poly-uropolydipsique
- Orphanet – https://www.orpha.net/consor/www/cgi-bin/OC_Exp.php?lng=FR&Expert=213
- MSD Manual – https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-g%C3%A9nito-urinaires/anomalies-du-transport-r%C3%A9nal/syndrome-de-fanconi?query=cystinose
La prise en charge de la Cystinose
Il existe deux types de traitement :
Le traitement symptomatique du syndrome polyuropolydipsique : hydratation, apports en électrolytes, potassium, phosphore, bicarbonate, sodium et vitamine D. On peut aussi utiliser certains traitements chez l’enfant qui permettent de réduire la perte d’eau et de sel et donc de diminuer les symptômes de soif intense et d’urines abondantes. 1-3
L’utilisation d’un traitement spécifique d’autre part, permettra de diminuer le taux de cystine dans les lysosomes et de ralentir, voire d’arrêter la progression de l’insuffisance rénale et le développement de manifestations extra-rénales. 2,3
Ce traitement devra être débuté le plus précocement possible et poursuivi toute la vie. Ce traitement spécifique s’administre également de façon locale, dans l’œil sous forme de gel ophtalmique, ce qui permettra de réduire les cristaux de cystine dans la cornée et de traiter l’atteinte oculaire.
De nombreux professionnels de santé seront mobilisés pour prendre en charge les patients. 2
La maladie est principalement rénale, et fait intervenir le néphrologue. Si la maladie s’aggrave et que les patients évoluent vers une insuffisance rénale terminale et la dialyse, un médecin spécialisé en dialyse pourra alors intervenir ; une greffe pourra enfin être envisagée si nécessaire. 1
Des complications extra rénales peuvent subvenir. On aura donc recours à un endocrinologue et/ou un diabétologue selon les cas pour être conseillé.
Les patients à l’âge adulte peuvent développer des complications neuromusculaires, voire neurologiques centrales ; il sera alors utile de mettre en place une collaboration avec un neurologue.
Enfin à un âge plus avancé, certains patients vont présenter des problèmes de dépendance, il est donc important de mettre en place un réseau social de proches et de professionnels qui pourront apporter un soutien psychologique et éviteront l’isolement des patients. 2,3
Pour en savoir plus sur la prise en charge pédiatrique des patients souffrant de cystinose, écoutez le témoignage sur Dr Bertholet-Thomas sur RARE à l’écoute, la chaîne de podcast dédiée aux maladies rares, en cliquant ici.
Références :
- Orphanet – https://www.orpha.net/consor/www/cgi-bin/OC_Exp.php?lng=FR&Expert=213
- PNDS cystinose- https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-08/pnds_cystinose_-_26072018.pdf
- Vaincre les Maladies lysosomales – https://www.vml-asso.org/-cystinose-
La parole aux patients atteints de la Cystinose
Plus le dépistage de la cystinose est précoce, meilleure sera la prise en charge. Il est donc capital de repérer le plus précocement possible les signes cliniques caractéristiques de la maladie : soif intense, urines abondantes, retard de croissance, vomissements…
« Ma fille a commencé à boire beaucoup, à ne plus vouloir s’alimenter. Ce qui fait qu’elle a perdu beaucoup de poids. On s’est inquiété, on a préféré consulter, savoir ce qu’il se passait. » Mme Lobry, mère d’une patiente de 24 ans atteinte de cystinose
Les personnes souffrant de maladies rares doivent souvent faire face à l’épreuve de l’errance diagnostique. Lorsque le diagnostic est enfin établi, elles se trouvent alors face à une maladie peu connue. Il peut être alors très important de se tourner vers des associations de patients et/ou de parents de patients qui pourront apporter informations, écoute, et contact avec des personnes confrontés aux mêmes problématiques. 1,2
Certaines associations peuvent également apporter un soutien financer à des projets de recherches concernant la maladie, grâce à la générosité des donateurs. 1,2
« Pour le financement de son doctorat en lien avec la cystinose, ma deuxième fille a fait appel à VML, a monté un dossier qui a été accepté en commission. Elle a eu son doctorat depuis, en janvier l’année dernière. » Mme Lobry, mère d’une patiente de 24 ans atteinte de cystinose
Pour écouter le parcours, le vécu, le ressenti de la maman d’une patiente atteinte de cystinose, écoutez le témoignage de Mme Lobry sur RARE à l’écoute, la chaîne de podcast dédiée aux maladies rares, en cliquant ici.
Vous pouvez retrouver tous les épisodes de la saison en intégralité sur le site de la filière de santé, en cliquant ici.
Références :
- Vaincre les maladies lysosomales – https://www.vml-asso.org/
- Association pour l’information et la recherche sur les maladies rénales génétiques – https://www.airg-france.fr/
Les spécialistes de la Cystinose
Si vous souhaitez plus d’informations sur la cystinose, vous pouvez consulter les articles, vidéos et sites web suivants :
- Orphanet, le portail des maladies rares et des médicaments orphelins – Cystinose : https://www.orpha.net/consor/www/cgi-bin/OC_Exp.php?lng=FR&Expert=213
- Protocole national de diagnostic et de soins : Cystinose : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-08/pnds_cystinose_-_26072018.pdf
- Vidal : https://www.vidal.fr/recommandations/2756/maladies_rares/cystinose/
- Filière maladies rares ORKiD : https://www.filiereorkid.com/
- Fondation maladies rares : https://fondation-maladiesrares.org/
- Vaincre les maladies lysosomales : https://www.vml-asso.org/
- Association pour l’information et la recherche sur les maladies rénales génétiques : https://www.airg-france.fr/
- Société française de pédiatrie : https://www.sfpediatrie.com/
- Société française de néphrologie, dialyse et transplantation : https://www.sfndt.org/
- Centre de référence néphrogones : https://www.filiereorkid.com/centre-de-reference-nephrogones/
Article écrit et publié par l’agence santé Pyramidale Communication.